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Des agriculteurs visent Lactalis

La Confédération paysanne pénètre le siège social de Lactalis pour défendre le revenu des agriculteurs.

Plus de deux cents agriculteurs de la Confédération paysanne sont entrés au siège social de Lactalis, à Laval, pour défendre le « revenu paysan » et obtenir un entretien avec les actionnaires du groupe. La veille des agriculteurs se sont attaqués à un camion du géant laitier.

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Ce mercredi 21 février 2024, plus de deux cents agriculteurs et une dizaine de tracteurs de la Confédération paysanne ont assiégé le siège social de Lactalis situé à Laval. L’objectif est simple : exiger des prix au-dessus du prix de revient pour le lait et un rendez-vous avec la famille Besnier, les trois actionnaires de l'entreprise. « Nous sommes au plus près des prédateurs de la valeur », déclare Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne à La France agricole.

« C’est le strict minimum »

« Nous demandons un prix de revient autour de 500 euros la tonne pour du lait conventionnel de plaine. C’est le strict minimum », insiste la syndicaliste. En agriculture biologique, ce prix devrait statuer autour des 630 euros la tonne.

Interrogée sur les annonces faites dans la matinée par le Premier ministre Gabriel Attal, Mme Marandola a jugé que la nouvelle version de la loi Egalim, censée garantir aux agriculteurs un revenu tenant compte de leurs coûts de production, ne pouvait pas attendre cet été.  « La priorité des priorités ne peut pas attendre l’été. Si en deux semaines on peut défaire des questions sur les produits phytosanitaires, pourquoi ne pourrait-on pas en quelques semaines se doter d’une loi qui protège les revenus des paysans », a-t-elle lancé. Et Gabriel Attal « n’a pas garanti un prix minimum qui permette de couvrir notre rémunération et nos coûts de production », a-t-elle critiqué.

Le groupe Lactalis, présidé par Emmanuel Besnier, a réalisé plus de 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022.
Au début du mois, le siège du groupe en Mayenne, ses bureaux à Paris et l’hôtel particulier parisien d’Emmanuel Besnier ont été perquisitionnés dans le cadre d’une enquête du parquet national financier (PNF) pour fraude fiscale aggravée et blanchiment de fraude fiscale aggravée, portant sur les années 2009-2020.

Une action « coup de poing » d’agriculteurs contre Lactalis

La veille au soir, une trentaine d’agriculteurs ont mené près de Vesoul une « action coup de poing » pour dénoncer le « faible prix d’achat » du lait par Lactalis, a appris l’AFP auprès de plusieurs producteurs laitiers.

« L’objectif est de faire revenir Lactalis à la table des négociations pour qu’ils discutent du prix du lait avec les producteurs », a expliqué à l’AFP Xavier Jarrot, éleveur laitier à Velesmes (Haute-Saône) et administrateur à la FNPL (Fédération national des producteurs de lait).


« Lactalis avait annoncé un prix de 405 euros les 1 000 litres pour les deux premiers mois de l’année. Après les actions qu’on a menées depuis un mois, ils ont rajouté 15 euros pour janvier et février, mais c’est encore loin des 440 euros, ce que paient les autres laiteries aujourd’hui dans le département », a-t-il déploré. « C’est le plus gros acteur de la filière, mais c’est le moins bon élève, c’est lui qui paie le moins bien », a-t-il conclu.

Vers 23h00, les agriculteurs ont barré la route à un camion-citerne Lactalis d’une capacité de plus de 20 000 litres, et qui finissait sa tournée auprès des fermes à Dampierre-sur-Linotte, pour en extraire le lait afin de le redistribuer aux éleveurs des environs, « pour nourrir les veaux », ont-ils expliqué.

« Lactalis trouve toujours des arguments pour ne pas payer le lait au prix, alors qu’en tant que plus gros collecteur de lait en France et au niveau mondial, il devrait montrer le bon exemple », a regretté Michaël Muhlematter, président de la FDPL du département. « Avec ses marques comme Président, Lactel, Roquefort Société, Galbani, Lactalis se comporte comme un seigneur, en donnant ce qu’il veut aux producteurs, sans aucune négociation possible », a-t-il ajouté. « La discussion est beaucoup plus saine avec les petits groupes coopératifs. »

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